Edition 2020

Lauréat
Mia Couto

Le Prix Jan Michalski de littérature 2020 est décerné à Mia Couto pour sa trilogie As areias do imperador (Editorial Caminho, 2015-2017), traduite du portugais (Mozambique) en français par Elisabeth Monteiro Rodrigues, sous le titre Les sables de l’empereur (Éditions Métailié, 2020).

Le jury a salué « l’exceptionnelle qualité de l’écriture, mêlant subtilement oralité et narration, lettres, récits, fables, rêves et croyances, au cœur d’une réalité historique, le Mozambique à la fin du XIXe siècle aux prises avec la colonisation portugaise. Sans aucun manichéisme, l’auteur excelle à camper avec empathie des protagonistes confrontés à l’inhumanité de la guerre en leur offrant un souffle épique porté par la riche nature africaine. »

Le Prix, remis par la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature à Montricher, en Suisse, se déroule en ligne cette année. Les interventions sont à suivre ci-après.

 


Capsule 1 Discours de Vera Michalski-Hoffmann, présidente du jury


Capsule 2 Laudatio pour Mia Couto de Maya Jaggi, critique et écrivaine


Capsule 3 Discours de Mia Couto, lauréat


Capsule 4 Lectures en portugais par Mia Couto et en français par Elisabeth Monteiro Rodrigues, traductrice

Extraits de As areias do imperador (Editorial Caminho, 2015-2017) et Les sables de l’empereur (Éditions Métailié, 2020), Prix Jan Michalski de littérature 2020


Capsule 5 Témoignages des membres du jury du Prix Jan Michalski 2020 : Jul (Julien Berjeaut), Siri Hustvedt, Benoît Duteurtre, Andreï Kourkov, Alicia Giménez Bartlett et Tomasz Różycki


Capsule 6 Lauréat du Prix Jan Michalski 2020, Mia Couto reçoit une récompense de CHF 50’000.- ainsi qu’une œuvre d’art choisie à son intention : une paire de sculptures uniques de l’artiste nigérian Alimi Adewale, « Sans titre », 2019, en bois azobé, hauteur 47 cm.

 


Né de parents portugais au Mozambique en 1955, l’écrivain et biologiste Mia Couto grandit à Beira, puis déménage dans la ville de Maputo. Il entame des études de médecine qu’il interrompt pour s’engager aux côtés du Frelimo (Front de libération du Mozambique) en faveur de l’indépendance du Mozambique qui intervient en 1975. Il devient ensuite journaliste, notamment pour Tempo et Noticias, avant de poursuivre une carrière de biologiste, spécialiste des zones côtières, en parallèle de son travail d’écriture. Il enseigne également l’écologie à l’Université de Maputo.

À travers un ensemble de contes, de chroniques, de poésie, de nouvelles et de romans, Mia Couto déploie une œuvre littéraire magistrale, à la fois érudite et populaire, drôle et tragique, universelle et enracinée dans son Mozambique natal. De Terre somnambule (Albin Michel, 1994) sur fond de guerre civile à la trilogie Les sables de l’empereur (Métailié, 2020), en passant par La véranda du frangipanier (Albin Michel, 2000), Tombe, tombe au fond de l’eau (Chandeigne, 2005), Et si Obama était africain (Chandeigne, 2010) ou encore L’accordeur des silences (Métailié, 2011, Prix de la francophonie 2012), l’auteur entremêle les oralités, les légendes et croyances africaines à la violence de l’histoire de son pays ainsi qu’au questionnement des racines.

Traduits dans plus de trente langues, ses textes ont reçu de nombreuses récompenses, dont le Prix Camões 2013 et le Prix Neustadt 2014 pour l’ensemble de son œuvre. Mia Couto est aujourd’hui considéré, tant par la critique que par ses pairs, comme l’un des écrivains africains les plus importants et l’une des voix lusophones les plus marquantes.

                      Aujourd’hui Prix Jan Michalski 2020, Les sables de l’empereur de Mia Couto, récit initialement publié en trois tomes réunis en un volume pour l’édition en français, nous plonge dans le Mozambique de la fin du XIXe siècle, alors ravagé par les guerres qui opposent clans et colons. L’empereur Ngungunyane notamment, à la tête du royaume de Gaza au sud du pays, résiste longtemps aux ambitions de la Couronne portugaise, avant d’être défait, déporté à Lisbonne où il est exhibé avec sa cour comme un trophée, puis exilé aux Açores. Au fil des trois parties de l’œuvre – Femmes de cendre, L’épée et la sagaie et Le buveur d’horizons –, Mia Couto narre autant qu’il questionne cette réalité historique par la voix croisée de deux personnages fictionnels : Imani Nsambe, une jeune Mozambicaine éduquée par des missionnaires portugais, et celui pour qui elle doit travailler en tant qu’interprète et à qui elle sera liée par un amour impossible, le sergent Germano de Melo. Ce dernier, envoyé en Afrique par la monarchie portugaise en raison de son idéologie républicaine, affiche sa distance avec sa hiérarchie. Leurs expériences se complètent ; si Germano s’applique à décrire dans ses lettres les conflits se déroulant sous ses yeux et ses difficultés à intégrer les valeurs du colonialisme, Imani, quant à elle, porte les déchirures d’être entre plusieurs mondes, entre plusieurs langues, avec comme seule alliée la mémoire des légendes africaines. Sa maîtrise parfaite de la langue des colons la laisse en marge de la communauté noire, ses origines l’éloignent des occupants, dans une destinée où pourtant, traductrice puis espionne captive, elle crée des ponts entre Portugal et royaume de Ngungunyane.

Flamboyante et douloureuse, l’épopée d’Imani et de Germano sera faite d’exils successifs, de tentatives de rapprochement et d’incompréhensions, de doutes et de violences, concentrant tout ce que peut produire le choc de la colonisation, avec cette particularité d’être raconté sur un mode polyphonique. Ces personnages aux identités plurielles, âmes éclatées, nous offrent alors par leur regard fragmenté de multiples perspectives sur l’histoire afin de mieux la comprendre.

Ainsi Les sables de l’empereur, à la fois fresque historique et conte envoûtant, puissant portrait de femme, histoire d’amour et d’humanité, réussit à faire se rencontrer l’ailleurs et l’ici. Avec une langue inventive, renouvelée par les territoires est-africains, irriguée d’une poésie singulière, Mia Couto interroge les croyances, mélange les mondes et floute les frontières dans une méditation universelle sur l’altérité.


Lauréat du Prix Jan Michalski 2020, Mia Couto reçoit une récompense de CHF 50’000.- ainsi qu’une œuvre d’art choisie à son intention : une paire de sculptures uniques de l’artiste nigérian

Alimi Adewale, Sans titre, 2019, en bois azobé, hauteur 47 cm.


 

Finalistes
Mia Couto

Les sables de l’empereur,

Trilogie, traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues

Métailié, Paris, 2020

Proposé par Vera Michalski-Hoffmann

Fran Ross

Oreo,

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Séverine Weiss

Post-éditions, Paris, 2014

Proposé par Siri Hustvedt

Philippe Sands

Retour à Lemberg,

Traduit de l’anglais par Astrid von Busekist

Albin Michel, Paris, 2017

Proposé par Andreï Kourkov

Deuxième sélection
Mia Couto

Les sables de l’empereur,

Trilogie, traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues

Métailié, Paris, 2020

Proposé par Vera Michalski-Hoffmann

Fran Ross

Oreo,

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Séverine Weiss

Post-éditions, Paris, 2014

Proposé par Siri Hustvedt

Erik Orsenna

Briser en nous la mer gelée,

Gallimard, Paris, 2020

Proposé par Benoît Duteurtre

Bernard Quiriny

Vies conjugales,

Rivages, Paris, 2019

Proposé par Benoît Duteurtre

Philippe Sands

Retour à Lemberg,

Traduit de l’anglais par Astrid von Busekist

Albin Michel, Paris, 2017

Proposé par Andreï Kourkov

Première sélection du jury
Mia Couto

Les sables de l’empereur,

Trilogie, traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues

Métailié, Paris, 2020

Proposé par Vera Michalski-Hoffmann

Nastassja Martin

Croire aux fauves,

Verticales, Paris, 2019

Proposé par Vera Michalski-Hoffmann

Catherine Meurisse

La légèreté,

Dargaud, Paris, 2016

Proposé par Jul (Julien Berjeaut)

Ruth Zylberman

Les enfants du 209 rue Saint-Maur Paris Xe,

Seuil, Paris, 2020

Proposé par Jul (Julien Berjeaut)

Roland Schimmelpfennig

An einem klaren, eiskalten Januarmorgen zu Beginn des 21. Jahrhunderts,

S. Fischer Verlag, Frankfurt am Main, 2016

Proposé par Alicia Giménez Bartlett

Vigdis Hjorth

Arv og miljø,

Cappelen Damm, Oslo, 2016

Proposé par Alicia Giménez Bartlett

Fran Ross

Oreo,

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Séverine Weiss

Post-éditions, Paris, 2014

Proposé par Siri Hustvedt

Antonio Damasio

L’ordre étrange des choses : la vie, les sentiments et la fabrique de la culture,

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Clément Nau

Odile Jacob, Paris, 2017

Proposé par Siri Hustvedt

Jurij Andruchowycz

Kochankowie Justycji,

Wydawnictwo Warstwy, Wroclaw, 2019

Proposé par Tomasz Różycki

Wojciech Nowicki

Cieśniny,

Wydawnictwo Czarne, Wołowiec, 2019

Proposé par Tomasz Różycki

Erik Orsenna

Briser en nous la mer gelée,

Gallimard, Paris, 2020

Proposé par Benoît Duteurtre

Bernard Quiriny

Vies conjugales,

Rivages, Paris, 2019

Proposé par Benoît Duteurtre

Sorj Chalandon

Le jour d’avant,

Grasset, Paris, 2017

Proposé par Andreï Kourkov

Philippe Sands

Retour à Lemberg,

Traduit de l’anglais par Astrid Von Busekist

Albin Michel, Paris, 2017

Proposé par Andreï Kourkov

Viet Thanh Nguyen

Le sympathisant,

Traduit de l’anglais par Clément Baude

Belfond, Paris, 2017

Proposé par Carsten Jensen

Sergueï Lebedev

La limite de l’oubli,

Traduit du russe par Luba Jurgenson

Verdier, Lagrasse, 2014

Proposé par Carsten Jensen