Edition 2019

Lauréate 2019
Zeruya Shalev

Le Prix Jan Michalski 2019 est décerné à Zeruya Shalev pour son roman Douleur (Gallimard, 2017), traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz.

Le jury a salué « un roman vertigineux dans lequel l’auteure explore les territoires physiologique et émotionnel de la souffrance, où le passé et le présent des personnages sont inextricablement liés. Zeruya Shalev est une écrivaine singulière, dont l’écriture à la fois déliée et tendue, acérée et poétique, nous a donné un récit délicat dans sa violence, une histoire d’amours entêtées mêlant plusieurs générations. Cette histoire de déchirures intimes qui épouse, par strates successives, l’évolution de la société israélienne est aussi le roman cicatriciel d’un pays. »

Née en 1959 dans le kibboutz Kinneret, en Galilée, l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev a vécu à Tel-Aviv, puis à Jérusalem où elle a suivi des études bibliques. Elle est actuellement établie à Haïfa. Son œuvre compte de la poésie et de la fiction, ainsi que deux ouvrages jeunesse, dont Un petit garçon idéal (Ecole des loisirs, 2009, pour la traduction en français). En 1997, son roman Vie amoureuse (Gallimard, 2000, pour la traduction en français), autopsie d’une liaison dévastatrice et subversive entre une jeune femme et un ami de son père, provoque la polémique en Israël tout en rencontrant un large succès public et critique à un niveau international. Son ouvrage suivant, Mari et femme (Gallimard, 2001), est aussi un best-seller. Grièvement blessée suite à l’explosion d’un bus lors d’un attentat suicide en janvier 2004, Zeruya Shalev reste immobilisée plusieurs mois avant de reprendre l’écriture. Paraissent Thèra (Gallimard, 2007), Ce qui reste de nos vies (Gallimard, 2014), couronné du Prix Femina étranger, puis Douleur (Gallimard, 2017).

Traduite en plus de vingt langues et récompensée de prix prestigieux, dont le Prix Corine 2001, le Prix Wizo du livre 2007 et le Prix de littérature mondiale du magazine Die Welt 2012, l’œuvre de Zeruya Shalev arpente avec prédilection les terrains en clair-obscur de l’intimité des êtres, les inflexions de la vie amoureuse et familiale, les heurts générationnels.

Zeruya Shalev est par ailleurs engagée dans le mouvement citoyen apolitique et areligieux Women Wage Peace (Les femmes font la paix).

Douleur de Zeruya Shalev, aujourd’hui Prix Jan Michalski 2019, offre l’expérience romanesque – vertigineuse et envoûtante – d’une immersion dans le monde intérieur d’Iris, brillante et dévouée directrice d’une école de Jérusalem, quadragénaire, mariée à Micky, époux replié sur ses parties d’échec en ligne, et mère de deux grands enfants en passe de prendre leur envol. Son existence se trouve à un point de vacillement quand, dix ans après avoir été victime d’un attentat en croisant la route d’un bus piégé, Iris voit ses douleurs physiques, séquelles d’un traumatisme profond, se réveiller. Sous les traits du médecin qu’elle consulte au centre antidouleur de l’hôpital, elle retrouve Ethan, son premier grand amour qui l’avait brutalement quittée à dix-sept ans. Une autre douleur se réveille alors, plus ancienne, celle de l’abandon et du chagrin, à laquelle Iris et Ethan opposent la renaissance du désir et la tentation d’abolir le temps en reprenant leur passion inachevée. Depuis ce point nodal, Zeruya Shalev sonde toutes les nuances des états d’âme et de conscience d’un être humain à la croisée des choix. Sont visitées différentes strates temporelles de la vie d’Iris, sa propre enfance alors que sa mère est en train de perdre la mémoire et celle de ses enfants alors que sa fille de vingt et un ans dérive sous l’emprise d’un gourou manipulateur et que son fils sera appelé sous peu par l’armée. Comme dans une saisissante tempête sous un crâne, la pulsion vitale se heurte aux engagements familiaux et sociaux, les liens de filiation tanguent, accrochent les fantômes du passé et enchevêtrent les destinées les unes aux autres.

Ce portrait sensible de femme en quête d’équilibre et de sens embrasse en écho tout un paysage social où la violence se regarde depuis l’intérieur. Si Zeruya Shalev a longtemps volontairement tenu le contexte israélo-palestinien à l’écart de ses écrits, Douleur est l’occasion d’explorer, avec une extrême finesse, les impacts multiples d’un événement aux origines politiques sur une existence. Pour mieux revenir à ce que l’âme humaine a d’universel.


Lauréate du Prix Jan Michalski 2019, Zeruya Shalev recevra une récompense de CHF 50’000.- ainsi qu’une œuvre d’art choisie à son intention : Bird and Egg, sculpture de Kiki Smith, 2004


 

Finalistes
Zeruya Shalev

Douleur,

Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz

Gallimard, Paris, 2017

Proposé par Julien Berjeaut

Francesca Melandri

Tous, sauf moi,

Traduit de l’italien par Danièle Valin 

Gallimard, Paris, 2019

Proposé par Andreï Kourkov

Patrik Ourednik

La fin du monde n’aurait pas eu lieu,

Editions Allia, Paris, 2017

Proposé par Tomasz Różycki

Première sélection du jury
Antonio Iturbe

La bibliotecaria de Auschwitz,

Planeta, Madrid, 2012

Proposé par Alicia Giménez Bartlett

Zeruya Shalev

Douleur,

Traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz

Gallimard, Paris, 2017

Proposé par Julien Berjeaut

Morgan Sportès

Le ciel ne parle pas,

Fayard, Paris, 2017

Proposé par Benoît Duteurtre

Francesca Melandri

Tous, sauf moi,

Traduit de l’italien par Danièle Valin 

Gallimard, Paris, 2019

Proposé par Andreï Kourkov

Long Litt Woon

La femme et les champignons – Une histoire de deuil et de retour à la vie

Traduit par Alex Fouillet

Gaia Editions, Montfort-en-Chalosse, 2018

Proposé par Vera Michalski-Hoffmann

Patrik Ourednik

La fin du monde n’aurait pas eu lieu,

Editions Allia, Paris, 2017

Proposé par Tomasz Różycki