Série de lectures n°3 : le choix d’Oriane, en toutes langues

Oriane Jeancourt Galignani, rédactrice en chef de Transfuge et écrivaine, s’est à son tour promenée dans les collections de littérature du monde entier de la bibliothèque de la Fondation Jan Michalski et vous invite à lire…


 

Roberto Bolano « Amuleto »

En langue originale, Anagrama, 2009 ; traduit de l’espagnol par Emile et Nicole Martel, Le Serpent à plumes, 2008

Amuleto est le roman le plus doux-amer de l’auteur de 2666. Au centre, la poétesse Auxilio Lacouture qui se présente comme la « mère de toute la poésie mexicaine ». Enfermée dans les toilettes de l’université lors du coup de force militaire de 1968, elle fait revivre une intense jeunesse poétique.

 

 

Emily Dickinson « Envelope Poems »

New Directions, 2016

Pour comprendre pourquoi Dickinson est la plus précieuse et secrète des poétesses américaines, il faut lire ces « envelope poems ». Elle les griffonnait sur des bouts d’enveloppe qu’elle trouvait. La poésie était sa langue maternelle et ces quelques vers, intenses et quotidiens, font naître une puissante émotion.

 

 

Siri Hustvedt « The Blazing World” / « Un monde flamboyant »

traduit de l’américain par Christine Le Bœuf, Actes Sud, 2014

L’américaine Siri Hustvedt fait vivre dans Un monde flamboyant un personnage mystérieux, Harriet Burden. Artiste new-yorkaise longtemps inconnue, femme aux multiples identités que peu de gens parviennent à connaître, Harriet Burden rappelle autant Louise Bourgeois que l’écrivaine elle-même. Réflexif et virtuose. 

 

 

Claude Debussy « Monsieur Croche et autres écrits »

introduction et notes de François Lesure, L’Imaginaire, Gallimard, 2012

Claude Debussy s’essaie à la critique musicale avec le même génie qu’il compose. Sous le nom de Monsieur Croche, il aborde ses contemporains. Wagner lui offre ainsi de superbes pages. Il pose aussi les questions de son époque, comme la possibilité d’un opéra moderne. Une voix précieuse pour saisir les métamorphoses de la musique. 

 

 

Karel Schoeman « Retour au pays bien-aimé » 

traduit de l’afrikaans par Pierre-Marie Finkelstein, Phébus, 2006

Karel Schoeman fut une des voix les plus puissantes et fécondes de la littérature sud-africaine de ces quarante dernières années. Ecrivain de l’attachement douloureux à la terre d’origine et à ses fantômes, il retrace dans une langue superbe l’expérience de l’exil, et du retour. Avec le talent de faire vivre un pays où se confrontent violence et désir de paix. 

 

Mircea Cartarescu « Solénoïde »

traduit du roumain par Laure Hinckel, Noir sur Blanc, 2019

Mircea Cartarescu est un des grands écrivains baroques de l’Europe d’aujourd’hui. Solénoïde nous mène dans la Bucarest des années quatre-vingt, ville hantée par la mémoire de l’histoire, et par la tristesse de ses habitants. Un jeune professeur, écrivain raté, nous y raconte ses aventures fantastiques et métaphysiques.

 

Patrick Autréaux « Quand la parole attend la nuit »

Verdier 2019

Patrick Autréaux poursuit une œuvre d’autofiction délicate et puissante. Après avoir raconté son expérience de la maladie, et sa vie de médecin, il révèle l’étrange relation qu’il entretient avec sa mère. Volcanique et fragile, ce personnage féminin qui fascine son fils, offre au livre une étoffe psychologique saisissante. 

 

 

Constance Debré « Love me tender »

Flammarion, 2020

Constance Debré, avocate et mère de famille, bascule du jour au lendemain dans une vie libre et radicale : elle abandonne son travail et quitte son mari pour aimer les femmes. Mais le fils peut-il comprendre le désir de liberté de sa mère ? Cette autofiction livre le portrait intime et radical d’une femme qui ne cède rien à son désir. 

 

 

John Updike « Couples »

Alfred A. Knopf Publishers, 1968, traduit en français par Anne-Marie Soulac, Gallimard, 1969

John Updike, si proustien dans son approche des vies américaines, délivre dans ce chef d’œuvre une peinture fine, délicate, cruelle, de plusieurs couples dans la société bourgeoise d’une petite ville non loin de Boston. Les uns s’aiment, les autres se trompent, tous se mentent. Paru en 1968, il choqua et conquit la société américaine.

 

 

Daniel Kehlmann «Les arpenteurs du monde» / «Die Vermessung der Welt»

traduit de l’allemand par Juliette Aubert, Actes Sud, 2007

Il est un des jeunes écrivains allemands les plus prodigues et imaginatifs : Daniel Kehlmann signe avec Les arpenteurs du monde, une très belle fresque historique sur deux chercheurs des Lumières, dont le fameux philosophe Alexander Von Humboldt. Aventure romanesque et réflexion sur la naissance de la pensée scientifique se croisent, avec maestria. 

 

 

David Grossman « Un cheval entre dans un bar »

traduit de l’hébreu par Nicolas Weill, Seuil, 2015

Le livre commence par une blague lancée par Dovalé G. sur la scène d’un club d’une petite ville israélienne. Et de ces premières phrases naît un long monologue dans lequel Dovalé raconte sa vie, ses drames enfantins, la vision chaotique de son pays. Personnage tragicomique, l’acteur Dovalé accompagne le lecteur bien après qu’il a refermé ce livre si justement humain.