L’écriture des lieux | Journées entre nature et littérature – Programme du samedi
Le temps d’un week-end, la Fondation Jan Michalski vous invite pour la deuxième année consécutive à questionner l’écriture des lieux sous diverses facettes, dans l’entrelacs des mots et de la terre. Que ce soit autour d’un récit de voyage, d’une exploration de la matière, d’un film-poème ou encore du tracé d’un chemin, la programmation – suisse cette année – réunit des intervenants issus de champs de création multiples. Écrivains ou artistes, ils contribuent à interroger notre époque, en nous proposant de faire ce pas de côté pour mieux comprendre les multiples réalités de notre rapport au monde… et peut-être imaginer de nouvelles façons de l’habiter.
__ PROGRAMME DU SAMEDI 26 SEPTEMBRE
11H – 12H30 | Conférence projetée
Traces et paysages_ par Georges Descombes et Jean-Christophe Bailly
Du fait de la situation sanitaire, Georges Descombes ne pourra malheureusement pas être présent. Sa conférence initialement prévue sera remplacée par la projection d’un dialogue entre Jean-Christophe Bailly et Georges Descombes, intitulé Traces et paysages, qui a eu lieu en 2017 durant le festival de la Manufacture des idées. Dans cette rencontre d’une heure vingt, Georges Descombes revient longuement sur la genèse de deux de ses projets architecturaux les plus fameux, celui l’Aire à Genève ainsi que sur celui de l’itinéraire genevois de la Voie suisse, ce chemin pédestre créé pour les célébrations du 700e anniversaire de la Confédération helvétique (1291-19919, aux abords du lac des Quatre-Cantons, à la construction duquel ont participé tous les cantons. Abordant le projet à contre-courant, celui qui se définit comme architecte « dans le paysage » en a fait une expérience sensorielle qui a marqué les esprits.
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Georges Descombes est architecte et paysagiste. Après des études à Genève, Zurich et Londres, à l’Architectural Association Graduate School, il a enseigné à l’Institut d’architecture de l’Université de Genève, où il fut l’un des fondateurs du programme d’enseignement du paysage. Parmi ses réalisations notables comptent le parc En-Sauvy à Lancy, l’itinéraire genevois de la Voie suisse, le Bijlmer Memorial à Amsterdam, le parc de la Cour du Maroc à Paris, la place nautique de la Confluence à Lyon, ou encore l’aménagement et la revitalisation de la rivière l’Aire à Genève.
Sur réservation à conference.26@fondation-janmichalski.ch
14H- 15H30 | Promenade n°1 // COMPLÈTE – SE TIENDRA A L’INTÉRIEUR
L’orage_ avec Tonatiuh Ambrosetti
Le vent se lève et les premiers tonnerres au loin commencent à se faire entendre. Le bruit des feuilles et les craquements des arbres agités conseillent vivement de quitter la forêt. Et si cette fois nous restions là ? Une promenade en forme d’expérience multisensorielle dans les bois du Pied du Jura.
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Tonatiuh Ambrosetti, photographe et artiste, a étudié à l’École cantonale d’art de Lausanne (ECAL) où il enseigne depuis 2012. La relation entre l’homme et la nature est un thème récurrent de sa recherche artistique, utilisant comme médiums la photographie à la chambre grand format, la sculpture, la gravure et le dessin.
Sur réservation // COMPLÈTE
14H – 15H30 | Promenade n°2 // COMPLÈTE
Ecouter entre les arbres_ avec Guido Albertelli
Comment nous déposséder de « l’idée de nature », cette « croyance étrange des Occidentaux », selon Baptiste Morizot ? Peut-être ne plus savoir et aller marcher. Aller marcher entre les arbres pour écouter – dans le silence, la voix de la terre et du ciel, la voix des lieux, et, dans les livres, d’autres voix, de Thoreau et Emerson à Snyder ou Morizot. Écouter ce que nos pas, qui tissent le monde, nous permettraient d’entendre : qu’il n’y a pas les hommes et la nature, mais un seul « nous », dont aucun de tous nos « je » n’est le singulier.
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Guido Albertelli est philosophe, pédagogue et hypnothérapeute. Son exploration du chamanisme se croise aujourd’hui avec son intérêt pour les interrogations philosophiques sur la nature et le sauvage, et avec la pratique de l’hypnose, sur des chemins qui visent à « libérer la vie ».
Sur réservation // COMPLÈTE
14H – 15H30 | Promenade n°3 // COMPLÈTE
Aller rêver plus loin_ avec Carine Roth
Cette balade est une invitation au ralentir, à se rendre auprès des grands arbres, en lisière de forêt, sur la frontière entre l’ici et le là-bas pour, comme le dit Nastassja Martin, « aller rêver plus loin »… Dans son livre Croire aux fauves (Verticales, 2019), l’anthropologue et écrivaine raconte son étreinte avec le destin, cet ours qui la marque à vie, la laissant quasi pour morte, puis sa transformation, dans la rencontre avec la présence animale en soi. Une invitation à aller explorer ces espaces animistes et interstitiels, la porosité du visible, de l’invisible, de l’humain, de l’animal. Quels sont les nouveaux rêves, essentiels pour nous permettre d’avancer et de survivre ensemble, humains et non-humains ?
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Carine Roth, photographe professionnelle et guide de rites de passage, s’est formée en Californie auprès de The School of Lost Borders, avec qui elle collabore régulièrement. Elle organise depuis une dizaine d’années des stages, balades et activités de reconnexion à la nature en Suisse romande. Son site s’intitule ceuxdici.ch
Sur réservation // COMPLÈTE
16H – 17H30 | Rencontre
Romans-paysages : face aux éléments_ avec Raluca Antonescu, Célia Houdart (en résidence) et Anne-Sophie Subilia
C’est sur le fond mouvant de l’omniprésence des éléments naturels que s’inscrivent les derniers livres des trois invitées. Dans Neiges intérieures (Zoé, 2020), Anne-Sophie Subilia embarque sur Artémis, seize mètres d’aluminium, un voilier taillé pour les mers de glace, direction le cercle polaire : elle se retrouve prise au cœur d’une nature extrême, aussi toxique qu’ensorcelante. L’élément liquide coule aussi dans Le scribe (P.O.L, 2020) de Célia Houdart : roman sensible entre deux mondes, où Chandra, un jeune Bengali venu étudier les mathématiques à Paris, déchiffre d’anciennes inscriptions sur les murs au bord de la Seine en même temps qu’il tente de résoudre l’étrange pollution touchant l’usine de traitement des eaux de son père, à Calcutta. Quant à Raluca Antonescu, c’est le sol qui irriguera l’écriture dans son troisième roman Inflorescence (La Baconnière, janvier 2021), une fresque familiale qui remonte le fil d’un dérèglement pour dépeindre quatre générations de femmes étroitement liées à la terre.
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Raluca Antonescu, née à Bucarest, vit en Suisse depuis l’âge de quatre ans. Après une formation aux Arts décoratifs et aux Beaux-arts à Genève, elle a travaillé dans la vidéo et a réalisé des documentaires. Elle partage son temps entre l’écriture et l’enseignement en arts visuels à Genève. Elle est l’auteure, aux éditions La Baconnière, de L’inondation (2014) et Sol (2017), romans irrigués par le déracinement, les failles de la mémoire familiale et historique.
Célia Houdart, après des études de lettres et de philosophie à Paris, suivies de dix années dédiées à la mise en scène de théâtre, se consacre à l’écriture. Elle est l’auteure de romans, parus chez P.O.L, dont Les merveilles du monde (2007), Carrare (2011), Villa Crimée (2018) ou dernièrement Le scribe (2020). Depuis 2008, elle compose par ailleurs en duo avec Sébastien Roux des pièces diffusées sous la forme d’installations ou de parcours sonores.
Anne-Sophie Subilia a étudié les lettres à l’Université de Genève, puis la création littéraire à la Haute École des arts de Berne. Membre de l’AJAR, elle anime des ateliers d’écriture. Intéressée par la figure du flâneur, la question du corps et du lieu, et la géopoétique, elle est l’auteure de Jours d’agrumes (L’Aire, 2013, Prix ADELF-AMOPA), Qui-vive (Paulette, 2016), Parti voir les bêtes (Zoé, 2016), Les hôtes (Paulette, 2018) et Neiges intérieures (Zoé, 2020).
Sur réservation à rencontre.26@fondation-janmichalski.ch
18H – 19H30 | Performance artisitique
D’un lieu s’écriant_ avec Marion Baeriswyl, Alexandre Chollier et Laurent Valdès
D’ordinaire, l’expression « écriture des lieux » évoque la rencontre entre deux types de graphie. Humaine tout d’abord, sous sa forme choisie et dont le flot nous emporte ou non, selon qu’il saura nous toucher avec plus ou moins de force et de grâce. Non humaine ensuite, sous l’aspect cette fois d’une géographie tracée à même le sol capable ou pas de nous accueillir. Mises en miroir, ces écritures offrent l’incise d’un changement de points de vue et la possibilité d’un déplacement des perspectives, voire la revendication d’une expérimentation. Alors pourquoi ne pas écrire ensemble un lieu nous écrivant dans le même temps, un lieu tour à tour s’écrivant et se créant, un lieu s’écriant ? Oui, pourquoi ne pas tisser ensemble un lieu-étoffe, un lieu-fabrique voué à l’écriture des liens et des lieux ? Un lieu-commun aux graphies multiples et liées ?
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Marion Baeriswyl, danseuse-chorégraphe, alterne entre création et enseignement, et signe ses pièces au sein du collectif eamb ou en duo avec le musicien D.C.P. Co-fondatrice du Projet H107, un lieu pour la création en arts vivants à Genève, elle s’intéresse aux contextes de création, de représentation et de transmission.
Alexandre Chollier, géographe et enseignant, est l’auteur d’essais situés au croisement de la géographie et de la littérature, dont notamment Les dimensions du monde (Cendres, 2016). Il dirige la collection « géographie(s) » aux éditions Héros-Limite, qui va à la découverte de savoirs et d’expériences donnant à penser notre rapport à la Terre.
Laurent Valdès, artiste et vidéaste, a notamment étudié à la Haute École d’art et de design (HEAD) à Genève. Sa démarche artistique, liée à l’espace et à la narration, est présentée dans le cadre de performances, d’installations, de mises en scène ainsi que par le livre. Il est co-fondateur des éditions A•Type.
Sur réservation à performance.26@fondation-janmichalski.ch
EVÉNEMENT GRATUIT SUR RÉSERVATION
Tous les rendez-vous du programme des Journées entre nature et littérature sont gratuits. Vous devez toutefois effectuer une réservation pour chaque événement qui vous intéresse, à l’adresse mail indiquée dans le programme.
TRANSPORTS
L’arrêt de bus « Montricher-Fondation Michalski » de la ligne 742 des MBC dessert directement la Fondation plusieurs fois par jour. Des connexions avec le train sont assurées en gares de Montricher et/ou de Bière. Vous pouvez combiner votre parcours en train et bus sur la plateforme des CFF en indiquant l’arrêt « Montricher-Fondation Michalski ».
CAFÉ-RESTAURATION
Une restauration salée et sucrée signée Yves Hohl sera proposée à la vente pendant tout le week-end.
BIBLIOTHÈQUE
La bibliothèque de la Fondation Jan Michalski, panorama multilingue de la littérature des XXe et XXIe siècles, est ouverte de 9h à 18h, du mardi au dimanche.
Photos © D.R | Tonatiuh Ambrosetti © Cédric Widmer | Guido Albertelli © Christophe Chammartin | Raluca Antonescu © Fondation Jan Michalski, Tonatiuh Ambrosetti | Célia Houdart © Hélàne Bamberger | Anne-Sophie Subilia © Romain Guélat, Editions Zoé